Hollande-Bayrou : des différences notables
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29 Janvier 2012 Par Marie-Anne Kraft
MEDIAPART a publié un article intitulé « Hollande-Bayrou : cherchez la différence », cherchant à démontrer que même si les deux candidats se plaisent à afficher leurs différences, ils visent en gros la même politique, une politique de l’offre favorable aux entreprises et d’austérité dévarorable au peuple.
Remarquons tout d’abord que les journalistes sont allés un peu vite en besogne car François Bayrou n’a pas encore dévoilé son programme, ce qu’il fera la 2ème quinzaine de février après avoir tenu des forums sur quatre grands thèmes. Ils se sont donc appuyés sur une interview-débat organisé hier soir par Mediapart entre ses journalistes et François Bayrou, ainsi que sur quelques discours récents de l’annonce de candidature de ce dernier.
Cependant, même sur les interventions disponibles, j’ai observé des différences notables entre les propositions des deux candidats, qu’il convient de relever :
– Les chiffres de F. Hollande ne permettent pas d’endiguer le déficit public. 29 milliards de recettes fiscales en plus face à 20 milliards de dépenses suplémentaires, cela donne 9 milliards, insuffisant pour endiguer le déficit public de 100 milliards en 2017 comme le vise F. Hollande. F. Bayrou a un meilleur compte : 50 milliards de recettes fiscales et 50 milliards d’économies sur dépenses publiques. F. Bayrou a une position nettement plus crédible que la question de la dette publique.
– sur la justice fiscale visant à augmenter la contribution des plus favorisés, la proposition de F.Hollande, de tranche supplémentaire à 50% sur les revenus dépassant 150 000 €/part est vraiment timide et raportera peu (au mieux 700 milliards. La proposition de F. Bayrou de passer la tranche supérieure de 41% à 45% et d’ajouter une tranche à 50% fait contribuer davantage les hauts revenus et devrait rapporter environ 2 millions €.
– sur l’économie, la relance de la production, F. Bayrou a fait beaucoup plus de propositions que F. Hollande, sur le « produire en France », avec création d’un label indiquant le % produit en France, impliquant les citoyens, et un plan en 5 points pour les entreprises, notamment les PME et TPE, que je n’ai pas vu du côté F. Hollande (pratiquement rien). Sa proposition de regrouper dans une banque publique d’investissement les structures publiques de financement OSEO, le FSI, etc. n’est qu’une mesure de façade, comme quand Sarkozy a regroupé ASSEDIC et ANPE dans Pôle Emploi.
– sur le logement, F.Hollande propose de bloquer les loyers, ce qui ne va pas donner envie de construire pour louer et va décourager les propriétaires. Ce qu’il faut, c’est agir sur la cause : construire les logements qui manquent cruellement, en rendant des terrains disponibles, ce qui fera revenir les prix vers le bas, tout en créant des emplois. C’est ce que proposent F. Bayrou et M. De Sarnez.
– sur la « guerre contre la finance » proclamée par F. Hollande, on sent un discours très démagogique qui vise à faire plaisir à ceux tentés par le vote Mélenchon. Que désigne-t-il par « la finance » ? La bourse ? Les marchés ? Les banques ? Les métiers financiers ? Les assurances aussi ? Les agences de notation ? Ces métiers, cette fonction, sont utiles à l’économie. Ce qui est condamnable, c’est certaines dérives que l’on a vues : bonus mirobolants de certains dans certains métiers, très minoritaires, utilisation de produits dérivés et structurés très complexes ayant entraîné opacité et perte de maîtrise des risques, abus d’utilisation de paradis fiscaux. Il faut être très précis et s’attaquer à ces dérives, c’est ce que fait F. Bayrou (mesures déjà dans le projet humaniste et quelques autres proposées en commission économie). En fait, derrière le discours d’affichage « hard » de F. Hollande, il n’y a pas grand chose : par exemple sur la séparation entre banque de marché et banque de dépôt/crédit, un article de l’AGEFI précise que F. Hollande écarte une scission radicale des banques, en précisant que ces activités seront simplement à séparer dans les groupes bancaires (filialisation), ce qui va compliquer l’organisation de BNPP et de SG (au Crédit Agricole et chez BPCE c’est déjà filialisé) mais si les capitaux sont partagés, proviennent du même actionnaire, le résultat est le même quand au risque de contagion de pertes …
– Sur l’éducation, le recrutement de 60 000 postes, même en 5 ans, n’est pas crédible. Aujourd’hui, avec la réduction de 1 fonctionnaire sur 2 partant à la retraite, l’Education Nationale n’arrrive déjà pas à fournir 1000 postes qui restent vacants, faute de candidats aux postes ! C’est donc impossible même si on a le budget ! De plus, le problème de l’éducation, de la baisse de niveau, de perte de vocation des profs, etc. N’est pas qu’un problème quantitatif de postes, mais aussi de méthodes d’enseignement, de motivation (des profs et des élèves), de valorisation de la profession … Là dessus F. Bayrou a une très bonne vision doublée d’une grande expérience. Mais curieusement, Mediapart ne l’a pas interrogé du tout sur la question et ne fait pas figurer ce point dans sa comparaison !
Les journalistes auraient pu au moins relever quelques uns de ces points évidents, en particuliers ceux qui ne sont pas tenables …
Ceci me donne une étrange impression que MEDIAPART cherche à démontrer la proximité des propositions entre F. Hollande et F. Bayrou d’une part pour drainer des voix du PS vers JL Mélenchon, d’autre part pour effrayer les gens de droite UMP, radicaux et centre-droit qui sont tentés par le vote Bayrou, afin que ce dernier n’atteigne pas le 2nd tour … (J’dis ça, j’dis rien).
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